Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis maîtresse de conférences HDR (habilitée à diriger des recherches) en Sciences du Langage, à l’Université Grenoble Alpes depuis 2012. Je suis rattachée à l’Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) : j’interviens dans la formation initiale des enseignants du primaire et du secondaire et au laboratoire Lidilem. Auparavant, j’ai travaillé à l’Université Paris Ouest Nanterre en Sciences du langage, en particulier pour un master formant des rédacteurs professionnels et des formateurs à l’écrit. Mes recherches portent sur les littéracies universitaires et avancées, c’est-à-dire notamment sur les difficultés à l’écrit chez les étudiants, par exemple la ponctuation, la syntaxe, le fait de rédiger un texte à partir de sources et de devoir les référencer, etc. Je m’intéresse aussi dans mes recherches au public spécifique des étudiants futurs enseignants et à la question de savoir comment former des enseignants en charge de former leurs élèves en production écrite.
Quel rôle jouez-vous dans Pégase ?
Pour l’essentiel, j’interviens à deux niveaux dans Pégase, à l’échelle du pilotage du projet d’une part et à l’échelle des groupes de travail collaboratifs recherche-terrain d’autre part.
Depuis 2022 je co-pilote l’action 4 qui consiste à mettre en place un suivi longitudinal d’élèves (deux cohortes Langage et Maths, de la MS au CE1 et du CM1 à la 5ème). L’action 4 prend appui sur des dispositifs d’apprentissage qui vont être mis en œuvre dans un grand nombre de classes, l’enjeu étant à la fois l’efficacité des dispositifs en termes d’apprentissages chez les élèves et leur efficience pour les enseignants, pour que ces dispositifs soient en prise avec la réalité du métier et pour leur permettre de se les approprier progressivement.
Depuis 2021, je participe au groupe de travail Développer la production d’écrits au cycle 3, avec Stéphane Dégeorges, conseiller pédagogique et quatre enseignantes des Baronnies, au sud de la Drôme. Cette collaboration a pour but de développer des dispositifs pour l’apprentissage de la production écrite au cycle 3. C’est un apprentissage long et coûteux pour les élèves et quand on est enseignant (y compris dans l’enseignement supérieur !), on peut se sentir démuni, ne pas savoir comment s’y prendre pour travailler l’écriture en classe et faire en sorte que les élèves progressent. Les dispositifs, qu’on a conçus peu à peu, testés et réajustés, portent sur le texte narratif et ils misent sur un travail de préparation à l’écriture et sur des réécritures collectives ou individuelles. Le principe est de travailler le processus de l’écriture, pour permettre aux élèves de s’approprier une démarche et d’adopter une double posture d’auteur et lecteur.
Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans Pégase ? Qu’est ce qui vous intéresse plus particulièrement ?
Ce qui m’intéresse dans Pégase, c’est l’articulation recherche-terrain-formation. Dans les recherches en éducation, on court plusieurs risques, comme celui de faire de la recherche « in vitro », déconnectée du quotidien du métier, ou d’avoir une posture prescriptive, descendante, qui consiste à dire qu’il faut améliorer les pratiques d’enseignement et que nous chercheurs on sait ce qui est bien, ou encore une vision très morcelée, parce qu’être chercheur c’est être très spécialisé, mais un élève ou une classe ce n’est pas seulement une somme de petites briques de compétences qu’il s’agirait de faire progresser les unes indépendamment des autres. Je trouve donc très important que se développent des recherches collaboratives où on va chacun apporter notre contribution avec notre expertise propre et proposer des dispositifs qui sont à la fois en phase avec les apports de la recherche et avec les questions que se posent les enseignants, les difficultés auxquelles ils font face, leurs constats sur ce qui fonctionne etc. La question de la formation est centrale à mon sens : bien sûr que l’enjeu est de développer des dispositifs efficaces pour les élèves, mais je trouve ça assez restreint de présenter ensuite ces dispositifs dans une conférence ou attendre des enseignants qu’ils lisent des articles de chercheurs, donc l’enjeu est aussi de développer des dispositifs efficaces en termes de formation professionnelle.