Pouvez-vous vous présenter ?
Géographe de formation, après avoir enseigné comme professeur d’histoire-géographie dans des lycées des académies d’Aix-Marseille, Besançon, Orléans-Tours, et Grenoble, je suis devenu inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional dans cette discipline sur l’académie de Toulouse, puis Dijon avant de revenir sur Grenoble en 2008. Depuis mon arrivée dans l’académie, parallèlement aux missions d’inspection et de conseil des enseignants, j’ai assuré la fonction de chef de mission académique EDD avec ma collègue Claire Dietrich, j’ai également été co-doyens de IA-IPR de 2013 à 2019, et depuis octobre 2020 j’assure la mission de Conseiller académique Recherche-Développement Innovation, Expérimentation (CARDIE) auprès de madame la Rectrice. J’ai également participé à l’institut Carnot de l’éducation qui a essayé de renforcer le lien entre Recherche et enseignement sur la région académique entre 2016 et 2019.
Quel rôle jouez-vous dans Pégase ?
Je suis responsable de l’action 5 du pôle Pégase qui a en charge la dissémination des actions conduites dans le pôle pilote. Le groupe de travail composé de chercheurs, de chefs d’établissements, d’inspecteurs, de formateurs et de membres de Canopé, agit en relation étroite avec les quatre autres actions du pôle. Il a donc conçu et structuré le site web du pôle, qui a été ensuite réalisé par Canopé. Il a maintenant à :
- veiller à son alimentation ;
- organiser et animer les mercredis de Pégase ;
- organiser la semaine internationale de la pédagogie qui se tiendra aux vacances scolaires de Toussaint 2022 ;
- piloter les trois publications que le pôle Pégase s’est engagé à produire.
Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans Pégase ? Qu’est-ce qui vous intéresse plus particulièrement ?
A l’origine, mon engagement dans le pôle Pégase n’est pas vraiment un choix. Il a été défini dans le projet initial que le CARDIE de l’académie serait le pilote de l’action 5 et il se trouve que j’ai été sollicité par madame la Rectrice pour devenir CARDIE au moment du lancement du pôle. Toutefois, en tant que doyen, j’avais participé aux premières réunions de construction du projet qui correspond totalement à ma conception de la nécessité de renforcer le lien entre recherche et éducation.
L’expérience de l’institut Carnot de l’Education, m’a confirmé que faire communiquer le monde de l’éducation et le monde de la recherche était difficile, mais nécessaire.
Difficile, car, ces deux mondes, bien qu’étant tous les deux au service de la réussite des élèves, ne regardent pas la même chose. Les chercheurs sont focalisés sur un objet de recherche, et pour en mesurer les effets, ils font tout pour éliminer les biais de façon à obtenir des résultats robustes. Les enseignants sont centrés sur les élèves, qu’ils doivent accepter dans toute leur complexité, ils ne peuvent se permettre d’évacuer tel ou tel aspect qui leur semble problématique parce qu’il fait bel et bien partie de ce qui fait l’élève et participe à ses réussites ou à ses difficultés. Le point d’intersection entre ces deux mondes est donc très ténu.
Nécessaire, car la recherche apporte aux enseignants des clés de compréhension sur les origines des difficultés que leurs élèves rencontrent : des clés de lecture, pas des solutions. Mais les champs de la recherche qui concernent l’éducation sont nombreux et s’élargissent depuis quelques années, les articles sont nombreux, dispersés, le vocabulaire utilisé par les chercheurs pas toujours à la porter des enseignants, il y a donc aussi un travail de mise à disposition et parfois de « traduction » à réaliser, travail assuré en grande partie par l’Ifé, mais auquel Pégase participe également maintenant.
Pégase permet surtout de multiplier les rencontres physiques entre les uns et les autres, il permet à ces deux mondes de mieux communiquer tout en maintenant l’équilibre entre les intérêts des uns et des autres.
Par ailleurs, il est nécessaire d’apporter à nos enseignants des outils intellectuels pour les aider à mobiliser davantage leur esprit d’expérimentation : les encourager, les aider à tester, essayer, mesurer ces expérimentations pour voir s’il serait intéressant de les poursuivre, ou au contraire, si l’investissement engagé est bien trop important par rapport aux effets observés. Pour développer cet esprit et sa mobilisation, la recherche apporte des éclairages, elle apporte également une méthodologie. Pour autant, une expérimentation n’est pas une recherche.