• Post category:Pôle Pilote
© Carole Berger

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis enseignante chercheuse en psychologie du développement à l’Université de Savoie Mont Blanc. Mes recherches portent sur le développement de l’enfant et les apprentissages, qu’il s’agisse d’apprentissages perceptifs, cognitifs, sociaux ou émotionnels.
Mes enseignements portent principalement sur la psychologie du développement. Je suis responsable du master de psychologie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université de Savoie Mont Blanc, ainsi que du DIU (diplôme inter-universitaire) : les troubles du spectre de l’autisme.

Quel rôle jouez-vous dans Pégase ?

Dans Pégase, je suis responsale du projet EMOTIMAT. Ce projet porte sur l’apprentissage des compétences émotionnelles chez le jeune enfant. Il s’agit, a) d’une part de développer un programme d’entrainement permettant aux enfants scolarisés en maternelle d’améliorer leurs compétences émotionnelles, b) d’autre part d’analyser les bénéfices de cet entrainement. Ces bénéfices sont envisagés sur les compétences émotionnelles elles-mêmes : nous avons montré une efficacité du programme sur ces compétences en petite et moyenne section maternelle. Nous analysons aussi les bénéfices du programme sur d’autres compétences, dont on pense qu’elles peuvent tirer profit de l’entrainement proposé. A cet effet, nous nous sommes initialement focalisés sur les compétences langagières (en compréhension) et en mathématiques, pour lesquelles nous n’avons pas pu démontrer une efficacité du programme (pas de transfert sur ces contenus).  Nous analysons maintenant les effets du programme sur la théorie de l’esprit (compréhension des états mentaux d’autrui), sur les capacités d’empathie, et sur le fonctionnement exécutif, qui correspondent à des compétences plus proches de celles mises en jeu dans l’entrainement aux compétences émotionnelles. Je porte ce projet avec ma collègue Anne Lafay. Nous avons donc un rôle dans la co-construction du programme, ainsi que dans l’évaluation de l’efficacité du programme. Nous étudions par ailleurs l’implémentation du programme. Il est fait référence ici à la façon dont les enseignants s’approprient le programme, qu’il s’agisse des enseignants experts (ayant participé à la co-construction) ou novices.

Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans Pégase ? Qu’est ce qui vous intéresse plus particulièrement ?

Je m’intéresse à la recherche interventionnelle et à l’approche collaborative. Notre programme d’entrainement est coconstruit entre chercheurs et enseignants. Cela signifie que nous le construisons  a) à partir des données de la recherche concernant les compétences émotionnelles et leur développement, et b) avec les enseignants en intégrant les contraintes pédagogiques et de fonctionnement de la classe. Il est plaisant d’avoir pour objectif la construction d’un outil à la fois pertinent compte tenu du contexte théorique et de la recherche, et compatible avec les pratiques habituelles de classe.
Le travail entrepris débouche aussi sur un  partage de questionnements qui dépassent la construction du programme (mais qui sont induits par cette construction). Par exemple, les enseignants avec qui nous travaillons sont amenés à se questionner sur la posture de l’enseignant et sur leurs gestes professionnels. Ils comprennent qu’une bonne gestion de leurs propres émotions est essentielle pour construire une relation riche avec les enfants, ou pour activer chez eux des états émotionnels qui soient compatibles avec les apprentissages proposés (plaisir d’apprendre, motivation, etc.). L’ancrage de la recherche dans la pratique est une des raisons qui fait que j’ai souhaité m’impliquer dans Pégase.