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© Ferielle Podgorski

Pouvez-vous vous présenter ? 

Depuis 2015, je suis professeure de psychologie cognitive et responsable pédagogique du parcours « Neuropsychologie de l’enfant » du master de psychologie, à l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société (SHS). Auparavant, j’ai été maitresse de conférences à l’INSPE de Grenoble (2008-2015) où j’effectue encore une part de mes enseignements. J’ai débuté ma carrière dans l’enseignement supérieur à l’Université de Toulouse (2006-2008). Avant ça, entre 1986 et 2006, j’ai été institutrice puis professeure des écoles. Je suis membre du Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition (LPNC) où je mène mes recherches sur les mécanismes cognitifs de l’apprentissage de la lecture et de l’orthographe et sur les troubles des apprentissages qui s’y rapportent, la dyslexie et la dysorthographie développementales. Je suis attachée à développer des recherches en relation avec la pratique de l’enseignement du langage écrit.  

 

Quel rôle jouez-vous dans Pégase ? 

J’ai d’abord participé à la rédaction du projet Pégase et aujourd’hui, je suis responsable de l’action 3 du pôle. Mon rôle consiste donc à agir, avec l’aide du groupe de travail, pour mener à bien l’objectif de cette action, qui est de favoriser le développement de recherches de grande qualité en éducation, qui puissent aboutir à des retombées concrètes pour le terrain scolaire. Pour atteindre cet objectif, trois outils principaux sont mis en oeuvre. Le premier est le financement annuel de recherches en éducation, par le biais d’un appel à projets. Les projets doivent répondre à un cahier des charges précis, visant à inciter la communauté scientifique à 1) concevoir, en s’appuyant sur des données scientifiques et en collaboration avec des personnes issues du terrain scolaire, des outils pour l’enseignement et 2) évaluer l’efficacité de ces outils sur les apprentissages des élèves avec une méthodologie adaptée. Notre second outil est l’organisation régulière d’évènements scientifiques, séminaires de recherche et workshops, sur notre thématique générale des recherches en éducation. Ces évènements, ouverts aux chercheurs mais aussi aux personnels de l’Education Nationale, seront systématiquement diffusés ensuite sur notre plate-forme. Ils devraient favoriser la dissémination de résultats scientifiques de qualité en lien avec l’éducation et offrir des temps d’échange fructueux pour le développement de nouvelles collaborations dans ce champ de recherche. Le troisième outil est la création d’une plate-forme nommée « Pupillab » pour faciliter le développement des recherches en éducation. Cette plate-forme proposera aux chercheurs qui souhaitent mener des recherches en éducation, 1) des locaux adaptés à l’accueil du public et la conduite de recherches en éducation (boxes expérimentaux, salles d’entretien individuel, salles d’accueil de groupes) et 2) un contact facilité avec des enfants ou adolescents volontaires ainsi que leur famille, ou avec des classes et leur enseignant qui sont d’accord pour venir découvrir le monde de la recherche en participant à une étude scientifique.                 

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans Pégase ? Qu’est-ce qui vous intéresse plus particulièrement ? 

Je suis sensibilisée depuis très longtemps à la problématique du lien, souvent trop fragile, entre les recherches sientifiques et le terrain scolaire. Lorsque j’étais institutrice et que j’ai commencé mes études en psychologie, je me suis rendue compte que de nombreuses connaissances issues de la psychologie cognitive, que j’acquérais sur les bancs de l’université, m’étaient très utiles pour mieux enseigner et mieux comprendre les difficultés scolaires de certains de mes petits élèves. A l’époque, je me suis demandée pourquoi ces connaissances ne faisaient pas partie de la formation de base des enseignants et je me suis rapidement engagée dans de nombreuses actions de formation continue. J’ai ensuite pris conscience que la difficulté était beaucoup plus complexe: mieux former les enseignants aux principes et aux résultats de la recherche est nécessaire mais pas suffisant. Pour que les deux mondes se rencontrent, il faut aussi faire évoluer la vision des chercheurs, les aider à développer des recherches appliquées prenant en compte la réalité de l’école, faire collaborer les spécialistes du terrain scolaire avec les spécialistes universitaires de l’apprentissage et de l’éducation. C’est un travail long et difficile. Je me suis engagée dans le pôle Pégase car c’est un cadre qui nous donne l’opportunité d’oeuvrer dans les deux sens: rapprocher les enseignants de la recherche et les chercheurs de l’école, pour que la recherche aide concrètement l’école à lutter contre l’échec scolaire.