Maison de la Création et de l’Innovation – MaCI, 339 avenue Centrale, 38400 Saint Martin d’Hères
Les interactions au service des apprentissages.
Les enseignants cherchent à enseigner, les élèves sont supposés apprendre, mais si chacun de ces deux acteurs reste dans sa bulle, les élèves n’apprennent pas, à l’exception des plus à l’aise qui maîtrisent les codes de l’école. Pour que les apprentissages se construisent, il faut, a minima, qu’il y ait des interactions entre enseignants et élèves, et que ces interactions soient porteuses de sens et décodables par les deux parties. Au sein de la classe, les interactions entre élèves peuvent être facteurs d’apprentissages, ou au contraire parfois les freiner. Au sein de la communauté éducative, les interactions entre professionnels sont également indispensables pour garantir la cohérence des apprentissages et du fonctionnement de la structure, mais sont parfois difficiles à installer. De plus, les interactions entre les professionnels et les familles sont nécessaires pour installer une continuité et une cohérence, mais ces dernières ne se sentent pas toujours légitimes, ou outillées, pour oser communiquer avec les équipes éducatives des établissements. En retour, les équipes ne disposent pas toujours des codes sociaux des familles avec lesquelles elles essaient d’engager le dialogue.
Cette SIP propose de s’arrêter sur ces interactions, en se centrant principalement sur la classe, mais en ouvrant également aux autres interactions.
Autour de cette thématique, la SIP 2024 a plusieurs ambitions :
- Permettre à des chercheurs, formateurs, enseignants et cadres de l’éducation, de prendre le temps d’échanger sur les dimensions théoriques relatives aux interactions et aux enjeux de cette thématique dans le cadre de la classe ;
- Envisager comment ces apports théoriques peuvent être transposés aux situations de classe, dans les actions de formation, et dans les actions de pilotage ;
- Faire le point des apports du Pôle Pilote Pégase dans chacun des 5 axes qui le composent : la formation initiale, la formation continue, la recherche collaborative, le suivi de cohortes d’élèves et la dissémination, avec une attention particulière aux apports en lien avec la thématique de cette année.
Le principe reste le même que l’an dernier :
- Des conférences de chercheurs le matin avec des temps de décryptage par métier.
- Des ateliers de réflexion pour exploiter les apports des conférences, se les approprier, et penser leur transposition dans le quotidien professionnel de chacun.
- Des ateliers de présentation des différentes actions du pôle Pilote Pégase
- Des temps informels qui permettent d’échanger, d’observer et de manipuler des ressources, ou simplement de se poser pour réfléchir.
Le programme de la semaine
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Lundi 21 Octobre |
Mardi 22 Octobre |
Mercredi 23 Octobre |
Jeudi 24 Octobre |
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9h-9h30 |
8h30-9h |
8h30-9h |
8h30-9h |
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9h30-10h30 Présentation du programme, Pascal Boyries, CARDIE et Ferielle Podgorski, cheffe de projet Pause |
9h-11h |
9h-11h |
9h-10h30
10h30-11h30 |
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11h-12h30 |
11h-12h |
11h-12h |
11h30-12h30 |
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12h30-14h |
12h-13h30 |
12h-13h30 |
12h30-14h |
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14h-15h30 |
13h30-15h |
13h30-15h |
14h30-15h30 |
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15h30-16h30 |
15h-16h |
15h-16h |
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| 16h30-18h Ateliers |
16h-17h30 |
16h-17h30 |
Programme détaillé : cliquer ici.
Livret d’accueil : cliquer ici.
Les inscriptions se font via le lien ci-dessous. Pour les personnels de l’Education nationale, il est essentiel que vous indiquiez votre adresse académique de façon à ce que nous puissions vous recontacter si nécessaire. Nous vous remercions également de noter que des prises de vue seront faites pendant l’évènement, une autorisation vous sera demandée.
Lien d’inscription : cliquer ici.
La prise en charge des frais pour les personnes venant de l’académie de Guyane s’effectue sous réserve d’une sélection.
- Les frais de déplacement seront indemnisés au barème kilométrique SNCF seconde classe à partir du lieu d’affectation administratif.
- Les frais d’hébergement pourront être indemnisés si la résidence administrative d’affectation est située au-delà de 60km du lieu du séminaire.
Les remboursements seront effectués sous réserve de présentation de factures nominatives acquittées - Pour les enseignants, comme la SIP a lieu durant les congés scolaires, une indemnité de formation sera versée, dès lors que la présence effective sera attestée sur la totalité des demi-journées de formation en lien avec la SIP.
Les interactions, de quoi parle-t-on ?
Les interactions, en Sciences Humaines et Sociales, se définissent comme des relations interhumaines qui provoquent une action en réponse chez l’interlocuteur, qui elle-même a un effet sur l’initiateur de la relation. L’analyse des interactions dans le milieu scolaire se concentre sur plusieurs niveaux qui s’entremêlent et interagissent les uns avec les autres :
- Les interactions communicatives dans leurs différentes dimensions : elles englobent à la fois le contenu du message émis (niveau discursif) ainsi que la façon dont ce message est émis – verbal, non-verbal, postural, etc… – (niveau communicationnel de l’échange).
- Les interactions didactiques, qui donnent à voir les actions que mettent en œuvre les enseignants pour organiser leur planification et gérer la part des inattendus propres à toute situation d’enseignement.
- Les interactions plus globales : les relations entre enseignants et élèves sont influencées par un contexte, en interaction avec un environnement, ce qui donne lieu à un ensemble de normes et pratiques spécifique à chaque classe.
Pour profiter au mieux des conférences, nous vous invitons à visionner les trois contenus ci-dessous, qui posent les fondements du séminaire et proposent une première approche des notions qui seront approfondies tout au long de la semaine.
Résumés des interventions
Les interactions dans la classe, un indispensable pour construire des apprentissages.
Lucie Mottier-Lopez : Professeure ordinaire à l’Université de Genève, Doyenne de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education.
La conférence interrogera les régulations interactives en considérant les normes et les pratiques des microcultures de classe construites de façon plus ou moins explicite entre l’enseignant et ses élèves au fil de leurs activités quotidiennes et coordinations continues. Comment caractériser les interactions entre l’enseignant et les élèves qui visent à soutenir les progressions d’apprentissage des élèves ? Quelles sont les structures de participation, y compris évaluatives, qui caractérisent les pratiques en classe ? Sans nier les spécificités propres aux objets de savoir scolaire, la conférence présentera quelques outils d’analyse des relations entre les guidages et étayages de l’enseignant et la nature des contributions interactives sollicitées auprès des élèves à des fins de régulation et d’autorégulation.
Support de la présentation : cliquer ici.
Implication de l’élève dans les processus évaluatifs : ici.
- Rôles du feedback enseignant sur l’autorégulation des apprentissages : ici.
- Évaluation-régulation interactive : étude des structures de participation guidée entre enseignant et élèves dans le problème mathématique « Enclos de la chèvre » : ici.
- Co-construire le référentiel de l’évaluation formative pour soutenir un processus de co-régulation dans la microculture de classe : ici.
- Régulations interactives situées dans des dynamiques de microculture de classe : ici.
- The power of Feedback : ici.
La dimension multimodale des interactions.
Brahim Azaoui : Maître de conférences au laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique, éducation et formation – Université de Montpellier.
Parce que les interactions didactiques sont souvent qualifiées trop rapidement de verbales ou d’orales, nous oublions qu’elles sont d’abord situées et incarnées, même lorsqu’elles se réalisent à distance. Aussi, il est illusoire de penser qu’il suffirait à des élèves, de la maternelle au lycée, de bien écouter pour comprendre et apprendre. Une partie importante de la relation et du contenu d’information est aussi visuelle : l’enseignant « gesticule » (Porcher), se déplace, utilise des manuels, des albums, pointe vers un tableau. Bref, sauf à de rares exceptions, les messages échangés ne sont pas « verbaux » : ils ont lieu dans un espace aménagé, ils sont portés par une voix, un corps, des ressources matérielles. Les élèves sont attentifs à ces éléments multimodaux et leur attribuent parfois même un sens erroné. A nous d’y être attentifs et de prendre conscience de ce qui se dit si l’on regarde par-delà la verbal.
- Apprendre les langues par corps : ici.
- Ce que les élèves voient et disent du corps de leur enseignant : analyse multimodale de leurs discours : ici.
- Analyse de la proxémie chez un enseignant de langues en lycée professionnel : ici.
- Former les apprenants à lire les images du corps de l’enseignant : réflexions sur une dimension oubliée des compétences multimodales en réception : ici.
Les interactions orales : vecteur et objet d’apprentissage.
Yves Soulé : Maître de conférences, laboratoire LIRDEF, Université de Montpellier /FDE.
La conférence va questionner le rôle que jouent les interactions verbales en contexte scolaire dans la construction des apprentissages formels et informels. Les compétences communicatives sont fondamentalement des compétences interactionnelles. Les échanges auxquels participent l’ensemble des acteurs – enseignants, élèves, personnel éducatif – s’inscrivent dans un « réseau d’influences mutuelles » (Kerbrat-Orecchioni, 1990, I, 17) qui conditionnent la vie d’une classe, d’un établissement et le fonctionnement des partenariats souhaités. Différents types d’interactions sont donc à prendre en compte, également porteuses d’apprentissages partagés qui concernent aussi bien la relation entre les individus, les formes et les codes dans lesquels s’installe et se déploie cette relation, que les contenus. Qu’elles soient à visée sociale, socioscolaire, didactique, sociodidactique, ces configurations d’interactions invitent à identifier les fonctions du langage et leur enchâssement, caractéristiques du travail verbal de l’enseignant (Yvon et Saussez, 2010, 73).
D’où l’intérêt de les envisager aussi comme un objet d’apprentissage à part entière en formation initiale et continue. Des recherches menées en maternelle (situations de jeu de faire semblant) au CP (pratiques d’écriture et de récriture), aux cycles 3 et 4 (séances de lecture littéraire), montrent que le questionnement didactique sur les contenus d’enseignement et d’apprentissage est indissociable de l’analyse de l’activité interactionnelle. Il s’agit alors d’apprendre à interagir, à comprendre le fonctionnement des interactions et de la pensée interactive (Wanlin et Crahay, 2012), à identifier les gestes professionnels (Saillot et al., 2022) qui assurent « l’efficacité cognitive des conduites langagières » (Nonnon, 2016).
L’Intelligence Artificielle va-t-elle modifier ou remplacer les interactions enseignant.e-élèves ?
Salomé Cojean : Maîtresse de conférence à l’Université de Grenoble, LaRAC.
A l’instar de nombreuses technologies de la vie quotidienne, les outils pédagogiques n’échappent pas aux promesses de l’Intelligence Artificielle (IA). L’objectif principal de cette intervention sera de présenter le fonctionnement général de l’IA (ChatGPT par exemple, mais aussi outils d’évaluation automatique et outils adaptatifs). Les opportunités offertes par l’intégration de l’IA dans les outils pédagogiques seront également abordées, ainsi que les craintes pouvant être perçues par les enseignant.es (remplacement, aspects éthiques…)
Nous présenterons quelques études menées sur l’acceptabilité des outils IA auprès des enseignant.es, puis des perspectives issues de travaux récents sur l’importance d’adapter les outils non pas seulement aux performances des élèves en temps réel, mais également à d’autres variables individuelles telles que la capacité en mémoire de travail.
Cette présentation se conclura sur une réflexion à propos du rôle des enseignant.es dans la personnalisation des apprentissages face à l’aide apportée par ces outils.